La Foire du Pré a eu lieu à Thiers dans le Puy de Dôme le 16 septembre dernier.
Un peu d’histoire sur l’origine de cette foire:
Ses origines remontent très haut, vers 1011 ou 1012, sous le règne du roi Robert le Pieux. C’est à cette date que les moines du Moûtier, spoliés par le seigneur de Thiers, redevinrent maîtres de leurs biens en vertu d’une charte signée par Guy, seigneur de la ville et des religieux.
Des pratiques commerciales ayant permis aux moines de vendre leurs produits devant les murailles, ceux-ci redevenus maîtres chez eux, vendirent ces mêmes produits sur leur propre territoire, au lieu-dit Le Moûtier, en bas de la ville.
Dès 1251, il est question d’un pré du Breuil, ou Brolium que les religieux se réservent pour leur foire, selon une stipulation mentionnée dans la convention de Cournon, entre Alphonse de Poitiers, frère du roi, et Bertrand, abbé de Thiers, le même qui eut à faire réparer moralement le scandale causé par l’enlèvement d’Alix de Bocestor.
Deux siècles plus tard, sous Charles VII, un incident éclata à la foire de Thiers : Pierre Montout, se disant procureur du district de l’abbaye, fut frappé par Antoine Dubois, bailli de l’Abbé du Moûtier, ce qui laisse à penser que les thiernois de l’époque devaient être assez querelleurs.
Franchissons le temps : vint la Révolution et la spoliation des biens du clergé. Le 25 janvier 1791 eut lieu l’adjudication des biens de l’abbaye, à la chandelle et "au feu allumé". Outre le vieux château, les prisons et galetas, il fut vendu un pré appelé "du Breuil", à faire environ quarante chars de foin, une terre de douze cartonnées, représentant cinq ares et quatre-vingt douze centiares en mesures de Thiers. Le sieur Courty enchérit sur Riberolles et Dufour au seizième feu et l’adjudication fut prononcée en sa faveur.
Le pré était grêvé d’une servitude, celle de la foire. En 1881, le 17 janvier, le sieur Courcon sollicita l’acquisition du droit de servitude de la foire au pré du Breuil, ce qui n’eut pas de suite, et il arrivait alors ce qui devait se produire, c’est-à-dire que le pré du Breuil se trouva à diverses reprises "noyé", ce qui gênait considérablement les tractations commerciales et l’installation des manèges. Il était également précisé que le pré de la foire devait être libéré de tout occupant le lendemain de la foire, avant midi.
Dès 1860 apparaissent les saltimbanques et les manèges d’enfants. Près de cent ans plus tard, en 1943, le pré allait servir à l’exercice des troupes allemandes d’occupation stationnées à Thiers.
Mais la Foire du Pré est avant tout un rite immuable, celui de la tripe matinale.
Photos : Bernard GROLET
Source : Escout Moi Voir