LE TEMPLE DE LA MAGIE
DES… PROFESSEURS HORITZ
De l’entre-deux guerres au milieu des années soixante, le professeur Horitz, ou plus exactement les professeurs Horitz I et II, montèrent leur « Temple de la magie » sur la plupart des fêtes, foires, frairies, vogues et ducasses de l’Hexagone. Explications.
Aimé-Marius Félix Orinier né le 26 septembre 1899 à Marseille, a débuté en faisant des tours de passe-passe à l’Alcazar, célèbre music-hall de la cité phocéenne. Ce n’est qu’après des tournées dans différents établissements sédentaires, qu’il parcourut la France en tant que… « Professeur Horitz » avec une baraque foraine baptisée « Le Temple de la Magie », pastichant Foletto qui appelait ainsi la minuscule boîte dans laquelle il avait l’habitude de transporter son matériel.
Horitz 1er…
Pendant des années, Horitz séduisit les foules en avalant sabres et tisons enflammés, en se couchant sur une planche plantée de clous, en se faisant enterrer vivant, mais sa grande expérience était de s’arrêter le cœur à volonté. Ce qui étonnait les éminents docteurs de la faculté de Montpellier, car l’immobilisation de ses pulsations pouvait atteindre 33 secondes !
Malgré ses 90 kg et l’impression de puissance qu’il dégageait, Horitz décéda en 1951, suite à une angine de poitrine. Il n’avait que 51 ans !
Il avait une fille, Marie-Thérèse, qui, dès son plus jeune âge lui servait de partenaire. C’est donc tout naturellement qu’elle reprit le métier de son père et continua la tournée avec le… « Temple de la Magie ».
… et ses successeurs
D’ailleurs, quelques années auparavant, en tournée avec ses parents, elle avait fait la connaissance d’Alfred Avon, un jeune clarinettiste qui l’épousa et devint l’élève de l’illustre Horitz.
Au décès de ce dernier, avec son épouse, ils décident de perpétrer la mémoire du disparu en présentant à leur tour toute la série de grands tours du professeur Horitz : apparition et disparition de tourterelles dans des boites montrées vides, dans des assiettes pleines de confettis, la malle des Indes, la lévitation où Marie Thérèse devient une bien jolie femme volante, le poteau d’exécution, le coupeur de tête, etc.
Mme Horitz mère était à la caisse, sa fille Marie-Thérèse et sa petite-fille Gisèle à la fois à la parade et dans le spectacle, sans compter Horitz II et d’autres magiciens et illusionnistes, tel Druart, qui participaient au spectacle.
L’amour des fêtes foraines
L’Inter Forain de la 2 ème quinzaine de mai 1953 rapporte que, venu les applaudir en tournée, Odips, l’habile prestidigitateur du Musée Grévin, leur aurait dit : « Votre spectacle est trop bien pour le montrer dans les fêtes ! ».
« Nous ne sommes pas de cet avis lui aurait répondu le couple. Et nous trouvons bien au contraire que les fêtes foraines ont un urgent besoin d’attractions de la classe de celles-ci, car ce n’est qu’en retrouvant l’attrait d’autrefois que le public reprendra le chemin des champs de foire avec enthousiasme », rapporte le « Rose » de l’époque.
Le Temple de la Magie, présent sur de nombreuses fêtes parisiennes tournait aussi en Belgique, au Luxembourg, à Strasbourg, Rouen, Grenoble, Tours (où il croisa à plusieurs reprises Robelly), Pau, etc., avant d’être agrandi et transformé au début des années soixante.
Cependant, dans un article paru dans L’Inter Forain de septembre 2003, Maurice Saltano, co-auteur avec B. Joubert d’un fort intéressant ouvrage, « Les Magiciens », rappelait qu’Horitz II, qui succéda à son beau-père à la tête d’un des derniers grands théâtres magiques forains, finit par se reconvertir dans l’exploitation d’un manège, le « Duel Spatial », et décéda en 1969, à l’âge de 53 ans.