Inna de Yard
Buena Vista Jamaica Reggae Club
Trente ans après leurs premiers succès, de grands noms du reggae se retrouvent à Kingston pour enregistrer un disque au cœur de la nature avant de se lancer dans une tournée mondiale. Peter Webber s'inscrit dans la veine «Buena Vista social Club» de Wim Wenders et redonne une belle visibilité à de vénérables chanteurs de la scène jamaïcaine : les septuagénaires Winston McAnuff, Cedric Myton, Ken Boothe, Judy Mowatt ou Kiddus I aux voix toujours aussi harmonieuses malgré l'âge, accompagnés de leurs cadets. Moins connus que Bob Marley, ils ont été ses compagnons de route, des pionniers qui ont inventé des sons nouveaux en s'appropriant leurs influences venues d'Amérique. Les personnalités sont hétérogènes, mais unies par des trajectoires semblables, faites de hauts et de bas. Souvent spoliés par leurs maisons de disques et victimes de ségrégation, ils sont portés par une colère joyeuse lorsqu'ils partagent leurs souvenirs. Les femmes du collectif apportent un autre son de cloche bienvenu dans cette belle leçon de vie et d'histoire sur une culture qui ne demande qu'à être mieux connue. Un documentaire vibrant qui donne envie de chanter, danser ou d'écouter tout simplement.
Quand on crie au loup
Papy j'ai vu des cambrioleurs
Victor Bogomil, treize ans, est orphelin et vit avec son grand-père Joseph, modeste gardien d'un immeuble bourgeois. Il multiplie les fausses alertes (incendie, cambriolage…) qui mobilisent la terre entière et mettent en colère les autres locataires. Lorsque Victor se rend compte que deux braqueurs investissent les lieux pour de vrai, personne ne le croit. Il devra agir seul… Avec cette comédie enlevée sous forte influence de «Maman, j'ai raté l'avion», Marilou Berry suit les traces de sa mère Josiane Balasko, avec un tempérament comique proche devant la caméra et en dirigeant son vieux complice Gérard Jugnot en concierge épuisé par les bévues de son petit-fils. Elle ne se ménage pas en grande sœur acariâtre à la Cruella DeVille de Pieds Nickelés clairement pas doués pour être des criminels. Elle se fait rapidement le souffre-douleur du garçon qui, à force d'embêter son monde pour rien, a lassé ses plus proches, dont sa copine d'école qui l'aime bien ou la psy rigolote qui cherche le grand amour, jouée par la toujours amusante Bérengère Krief. Les situations comiques et le panachage de personnalités excentriques suffisent à nous décoincer les zygomatiques.
Les Enfants de la mer
Sous l'océan
Premier jour des vacances, Ruka espère profiter joyeusement de son été mais se fait injustement exclure de son équipe de handball. Furieuse, la lycéenne part voir son père qui travaille au Wonder Aquarium. Elle rencontre Umi, étrange garçon élevé, comme son frère Sora, par des dugongs, une variété de lamantins en voie de disparition. En leur compagnie, elle s'ouvre à un imaginaire inattendu… Cette adaptation du manga de Daisuke Igarashi, en compétition au Festival d'animation d'Annecy, débute sur le quotidien normal d'une adolescente enjouée malgré la séparation de ses parents (une mère déprimée et un père qui ne sait pas communiquer) avant de glisser vers le fantastique. Elle embarque dans un voyage sensoriel en s'intéressant de près à ces deux garçons liés de façon fusionnelle aux fonds sous-marins. La narration parfois cryptique est compensée par un sens du merveilleux, la beauté des décors et leur précision jusque dans les moindres détails étant sidérante. Joe Hisaishi, compositeur fétiche de Miyazaki, a imaginé une très belle musique pour illustrer cette invitation à la contemplation où il est préférable de se laisser porter par le mystère plutôt que d'essayer de le déchiffrer.
Spider-Man Far From Home
Un voyage en Europe
Le monde se remet doucement de l'éclipse provoquée par Thanos qui avait fait disparaître la moitié de la population. Alors que Nick Fury essaie de le contacter pour lutter contre une nouvelle menace, Peter Parker alias Spider-Man préfère partir en vacances en Europe avec sa classe. Mais son voyage l'amène au coeur du cyclone lorsqu'ils sont attaqués par d'étranges créatures. À ses côtés pour les combattre, Mystério, allié d'un autre monde… Après «Homecoming», Jon Watts poursuit dans la même veine rafraîchissante les aventures du nouvel Homme-araignée. Tom Holland apporte une malice bienvenue, malgré les enjeux dramatiques et la difficulté de faire le deuil de son mentor Tony Stark. Le lien qu'il crée avec Quentin Beck, héritier crédible de Iron-Man joué par Jake Gyllenhaal, est assez touchant. Les échanges avec ses amis lycéens, l'iconoclaste MJ, le chérubin Ned qui connaît son secret ou l'arrogant Flash, sont plus pétillants. Le scénario efficace navigue aisément entre le film de super-héros classique et la comédie pour ados. Le méchant est soigné, avec des motivations crédibles et un art de l'illusion bluffant qui va forcer le jeune héros à grandir plus vite.
Yesterday
Et si les Beatles n'avaient jamais existé ?
Chanteur raté, Jack Malik écume les bars où seuls l'écoutent quelques copains et Ellie Appleton, sa meilleure amie et manager depuis le collège. Un énième concert devant une assistance clairsemée le pousse à raccrocher sa guitare. Mais miracle ! Après un étrange phénomène qui frappe la planète, il réalise qu'il est le seul à se souvenir des Beatles ! Himesh Patel remplace à lui seul le groupe mythique dans cette comédie de Danny Boyle dont les prémices ressemblent à «Jean-Philippe» avec Fabrice Luchini seul sur Terre à ne pas avoir oublié Johnny Hallyday. Dans la première partie, une belle énergie et de bons gags accompagnent la lutte de Jack pour se souvenir des paroles des chansons de ses idoles puis sa gêne de les avoir reprises à son compte. L'intérêt s'émousse lorsque l'histoire d'amour peu inspirée s'impose dans un scénario décevant pourtant signé Richard Curtis («Quatre mariages et un enterrement», «Coup de foudre à Notting Hill» et autres comédies romantiques cultes). Pire encore, cette fable s'achève sur une leçon de morale assommante et l'insupportable culpabilisation de son héros. À noter la présence d'Ed Sheeran qui s'amuse avec son image.
Toy Story 4
Woody, Buzz et… Fourchette !
Woody est le jouet d'Andy qui a grandi et Bonnie a pris le relais. Toujours chef de bande de ses compagnons, il s'échine à faire leur bonheur et celui de la petite fille, presque malgré eux. Le jour de son entrée en maternelle, elle fabrique un nouveau jouet avec un couvert en plastique. Fourchette rejoint la grande famille aux côtés de Buzz et des autres. Mais Fourchette refuse de se voir comme autre chose qu'un déchet et cherche sans cesse à se jeter dans la moindre poubelle. En voulant lui faire comprendre le sens de la vie, Woody va entraîner la bande dans de nouvelles aventures trépidantes… Ce quatrième volet renouvelle les enjeux et continue à amuser et émouvoir. Il est question de transitions vers des nouvelles vies et d'accepter de prendre des risques pour évoluer. Une audace que le pourtant courageux Woody peine à comprendre, malgré ses retrouvailles avec la Bergère qui a bien changé depuis qu'elle a découvert le monde. Les nouveaux personnages sont notamment doublés en français par Pierre Niney (l'irrésistible angoissé Fourchette) et le duo Jamel Debbouze et Franck Gastambide en peluches cherchant à s'évader de la fête foraine où se déroule une partie de l'histoire.
Pascal LE DUFF