CINEMA

CINEMA

Publié le 11/03/2019 dans ACTUALITES

 

Captain Marvel
Une super-héroïne merveilleuse

 

Membre d'une unité d'élite de la race Kree, Carol Danvers tente d'empêcher les Skrulls, êtres doués du pouvoir de métamorphose, de s'approprier une technologie avancée cachée sur Terre. Souffrant d'amnésie, elle a des visions troublantes de son passé. Brie Larson endosse la panoplie de la puissante Captain Marvel avec charme, humour et sensibilité. L'intrigue se situe au milieu des années 90 revisitées avec malice, moquant la technologie désuète de l'époque. Samuel L. Jackson, rajeuni par ordinateur, reprend son rôle de Nick Fury, avec ses deux yeux, des cheveux et une plus grande naïveté que dans les «Avengers», même s'il suffit d'une seule rencontre pour le convaincre de la présence d'extraterrestres. Ce nouvel opus d'un univers toujours savamment orchestré est le premier dirigé par une femme, Anna Boden, en duo avec Ryan Fleck. Au delà du divertissement qu'il est avec de l'action palpitante, quelques pistes politiques audacieuses autour du terrorisme et de la question des réfugiés sont abordées. Les personnages pratiquent presque tous un double jeu, aussi bien les humanoïdes qu'un chat trop affectueux qui inquiète les dangereux Skrulls mais pas assez le confiant Fury. 

 

 

 

Stan & Ollie
Une fin de carrière difficile

 

1953. L'heure n'est plus aux grands éclats de rire pour Stan Laurel et son comparse Oliver Hardy. Oubliés du grand public, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-même lorsqu'ils se lancent dans une tournée dans des petits théâtres en Angleterre, accueillis par des salles presque vides. Jon S. Baird n'évoque pas l'intégralité de la carrière du duo mythique de l'âge d'or du cinéma burlesque mais accompagne leur chant du cygne, moins de cinq ans avant la disparition du gros Hardy. Chacun avait sa place dans leur travail commun, Laurel étant impliqué profondément dans l'aspect créatif, alors que son comparse avait des aspirations plus modestes. On les découvre fragilisés, espérant en vain un come-back. Leur relation est parfois teintée d'amertume mais leur amitié est profonde, accentuée par un respect respectif pour leur travail. C'est un joli hommage qui leur est rendu, à travers les interprétations drôles et tendres de Steve Coogan et John C. Reilly, délicatement maquillés pour leur ressembler sans être réduits à des statues de cire. Un dernier regain d'intérêt trop tardif pour leur permettre de revenir sur le devant de la scène mais qui leur permet de se faire des adieux déchirants.

 

 

 

Le Mystère Henri Pick
Un roman trop parfait

 

Alors qu'elle se détend sur la presqu’île de Crozon avec son compagnon, un romancier raté, une jeune éditrice découvre une bibliothèque qui réunit des manuscrits rejetés par les plus grands éditeurs. Elle y fait une découverte inattendue : un livre qui va devenir grâce à elle un phénomène de société. Persuadé qu'il s'agit d'une supercherie, Jean-Michel Rouche, animateur d'une émission à succès, cherche à découvrir qui était Henri Pick, pizzaïolo décédé deux ans plus tôt et n'avait jamais rien écrit selon ses proches. Ce qui fait la principale force de cette comédie, c'est la séduisante alchimie entre Fabrice Luchini et Camille Cottin, alias le critique devenu Sherlock Holmes littéraire et Joséphine, fille de l'auteur supposé et apprentie docteur Watson. Leurs joutes verbales sont drôles et teintées d'un jeu de séduction constante qui humanise le parisien hautain. Rémi Bezançon («Le Premier jour du reste de ta vie») adapte un roman de David Foenkkinos, auteur dont l'univers est marqué par sa capacité à créer des situations amoureuses attachantes. Si la satire du milieu culturel est bien vue, la partie policière est plus incohérente, sans gâcher la dynamique générale.

 

 

 

Rebelles
Trois femmes en colère

 

Miss Nord-Pas-de-Calais en 2005, Sandra a vécu près de quinze ans sur la Côte d'Azur. Lorsque son compagnon la quitte, elle est contrainte de rentrer dans le modeste camping tenu par sa mère à Boulogne-sur-Mer. Sans expérience, elle ne trouve du travail qu'à la conserverie pour mettre en conserve des poissons. En repoussant le contremaître qui lui fait des avances, elle le tue accidentellement. Deux collègues, Nadine et Marilyn, sont témoins de la scène. Tentées par les liasses de billets qu'elles trouvent dans le sac du défunt, elles renoncent à appeler les secours. Très vite, les vrais destinataires du magot retrouvent leur piste… Un humour bien tranchant parsème cette comédie sociale et policière, notamment dans une scène assez trash. Les ouvrières campées par un excellent trio (Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy) sont réunies par le hasard d'un malencontreux drame, malgré des caractères disparates et pas forcément recommandables. Allan Mauduit s'amuse à les placer dans des situations insolites, notamment un braquage du Secours Populaire, sans négliger un contexte mortel. Violent parfois, drôle souvent, une comédie savoureuse dans l'ensemble, située dans un Nord bien gris.

 

 

 

Celle que vous croyez
Amoureux Facebook

 

Délaissée par son jeune amant Ludo, Claire Millaud crée un faux profil sur Facebook pour le surveiller. Elle adopte l'identité d'une femme de 24 ans et séduit Alex, le meilleur ami de Ludo. Claire devenue Clara se laisse prendre au jeu et tombe elle aussi sous le charme. Ce jeu sensuel à distance aura des conséquences dramatiques… Il n'est guère certain que ce récit riche en affabulations aurait fonctionné sans le charme de Juliette Binoche qui rend crédible les moindres rebondissements, aussi improbables soient-ils. Safy Nebbou adapte le roman de Camille Laurens, conçu autour de points de vue multiples et de surprises constantes. Claire se confie à une psy jouée avec intensité par Nicole Garcia. Ses échanges avec Juliette Binoche passent de l'incongruité à une dérision inattendue dans un contexte pourtant tragique. La narration fait preuve d'une maestria qui dépasse les quelques moments de flottement. François Civil en victime de manipulations sentimentales existe sans être réellement là, plus objet de fantasmes que réel. Un drame étonnamment émouvant et drôle sur les affres de la solitude, malgré un potentiel de ridicule qui épargne les personnages observés avec empathie.

 

 

 

Marie Stuart, Reine d'Ecosse
Soeurs reines ennemies

 

Veuve à 18 ans après la mort du Roi de France, Marie Stuart retrouve son Écosse natale et le trône qui lui revient de droit. Sa sœur Elisabeth dirige l’Angleterre avec poigne et se méfie de celle qui pourrait légitimement lui réclamer sa couronne… Cette biographie pas académique risque de souffrir de la concurrence avec «La Favorite». Différents sur le fond, les deux films partagent l'envie de dynamiter le genre corseté du film en costumes, avec une mise en scène plus attachée à recréer l'intime que le faste des beaux palais. La musique dissonante de Max Richter accompagne les partitions parfaites de Saoirse Ronan côté écossais et de Margot Robbie côté anglais. Consciente de l'intérêt d'unir leurs forces, la première au tempérament solaire cherche à se rapprocher de la deuxième au visage momifié. Leurs conseillers aux noirs desseins, convoitant leur pouvoir, multiplient les complots pour les déstabiliser. Jolis débuts de réalisatrice de Josie Rourke qui met en avant un propos passionnant sur le féminisme, notamment sur le droit des femmes d'exercer le pouvoir et d'affirmer des choix forts dans leur sexualité, sous le regard offusqué d'une cour très masculine.

 

 

 

Pascal LE DUFF